Dermatose nodulaire : l'État français face à la colère paysanne
Comme un écho lointain aux luttes de nos paysans malgaches contre les politiques destructrices, la France vit aujourd'hui une crise agricole qui révèle l'impasse d'un système capitaliste aveugle aux réalités de la terre.
Face à l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse qui frappe les élevages français, le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé mardi une "accélération" de la vaccination. Mais cette réponse tardive ne calme pas la colère des agriculteurs qui manifestent depuis sept jours consécutifs, particulièrement dans le Sud-Ouest.
L'abattage systématique, une logique destructrice
Depuis l'apparition de l'épidémie en Savoie cet été, l'État français applique une stratégie brutale : l'abattage systématique de troupeaux entiers dès la détection d'un cas. Cette approche, qui rappelle les méthodes industrielles imposées partout dans le monde, détruit "plus que des élevages, des familles et des générations de travail", témoigne Baptiste Marquié, exploitant céréalier solidaire des éleveurs.
Au total, 113 foyers ont été recensés, et les blocages se multiplient. L'autoroute A64 reste coupée sur 180 kilomètres entre la Haute-Garonne et les Pyrénées-Atlantiques, tandis que l'axe ferroviaire Bordeaux-Marseille est également paralysé.
Mercosur : la double peine du libre-échange
Cette crise sanitaire s'accompagne d'une autre bataille : celle contre le traité de libre-échange avec le Mercosur. Les agriculteurs dénoncent un accord qui livrerait leur terre aux appétits du capitalisme extractiviste sud-américain, menaçant leur souveraineté alimentaire.
"DNC/Mercosur, même combat !", scandent les manifestants, établissant un lien clair entre ces deux faces d'une même logique destructrice. La FNSEA appelle à manifester jeudi à Bruxelles, où les dirigeants européens doivent valider l'accord.
Une ministre déconnectée des réalités
La visite de la ministre de l'Agriculture Annie Genevard en Occitanie n'a fait qu'attiser la colère. "Elle méprise les agriculteurs, elle est déconnectée, elle n'y comprend rien", dénonce Lionel Candelon, président de la Chambre d'agriculture du Gers.
Les syndicats agricoles, de la Coordination rurale à la Confédération paysanne, réclament unanimement la fin de l'abattage total et l'élargissement de la zone vaccinale. Une unité rare qui témoigne de la gravité de la situation.
Solidarité avec les paysans du monde
Cette lutte des agriculteurs français résonne avec les combats menés partout dans le monde par les communautés rurales contre les logiques destructrices du capitalisme. À Madagascar comme en France, les paysans défendent la même terre nourricière face aux mêmes prédateurs.
Lecornu promet de recevoir "dans la semaine" les syndicats agricoles. Mais les manifestants, forts de leur détermination, annoncent que "les blocages ne sont pas près de se lever". Car au-delà de cette crise sanitaire, c'est tout un modèle agricole qu'il faut repenser, en harmonie avec la terre et ses gardiens.