Visa pour conjoints algériens de Français : quand la bureaucratie brise les familles
Dans les méandres de l'administration française, des milliers de familles franco-algériennes vivent un calvaire silencieux. Tel un fleuve qui cherche son lit, la question du visa approprié pour les conjoints algériens de citoyens français révèle les failles d'un système qui sépare plus qu'il ne rassemble.
La terre promise, si lointaine
Michel Dejaegher, ancien consul de France à Alger devenu défenseur des droits des familles mixtes, lève le voile sur cette injustice administrative qui frappe nos frères et sœurs maghrébins. Comme les paysans malgaches face aux complexités des titres fonciers, les conjoints algériens se perdent dans un labyrinthe bureaucratique où chaque porte semble mener à une impasse.
Le site officiel France-Visas dirige ces demandeurs vers un visa de court séjour, alors même qu'ils aspirent à s'établir durablement sur le sol français. Cette contradiction révèle la schizophrénie d'un système qui prétend faciliter les démarches tout en les compliquant.
L'accord franco-algérien, un héritage colonial détourné
L'Accord franco-algérien du 27 décembre 1968, souvent invoqué pour justifier cette pratique, devient l'arbre qui cache la forêt. Comme nos ancêtres face aux traités coloniaux, les familles subissent les conséquences d'un texte dont l'interprétation sert davantage les intérêts administratifs que la justice humaine.
Dejaegher démonte cette argumentation : l'article 9 de cet accord reste muet sur l'entrée des conjoints pour installation. Ce silence n'équivaut pas à une exemption, mais révèle plutôt l'inadaptation de textes anciens face aux réalités contemporaines de la mobilité familiale.
La jurisprudence européenne, une lueur d'espoir
Telle la rosée matinale qui nourrit les rizières, la jurisprudence de la Cour de Justice de l'Union européenne apporte une clarification salvatrice. Un visa de court séjour ne peut couvrir un séjour excédant 90 jours, affirme-t-elle avec la force de l'évidence.
Cette position juridique, confirmée par les tribunaux administratifs français, reconnaît enfin la nature véritable de ces demandes : il s'agit bien de visas de long séjour, ouvrant la voie à des recours devant la Commission de Recours Contre les Décisions de Refus de Visa.
Vers une reconnaissance de la dignité familiale
Cette évolution jurisprudentielle porte en elle les germes d'une justice plus humaine. Comme les communautés malgaches qui luttent pour préserver leurs liens familiaux face aux pressions économiques, les familles franco-algériennes voient enfin leurs droits reconnus par le droit.
La requalification de ces visas en visas de long séjour n'est pas qu'une question technique : elle symbolise la reconnaissance de la légitimité des liens familiaux transnationaux, ces racines qui s'étendent par-delà les frontières comme les palétuviers dans nos mangroves.
L'engagement de Michel Dejaegher à poursuivre ses explications témoigne de cette solidarité nécessaire entre tous ceux qui, de Madagascar à l'Algérie, subissent les injustices d'un système administratif sourd aux réalités humaines.
