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Madagascar: La répression s'intensifie face au mouvement populaire

À Madagascar, la répression s'intensifie contre le mouvement populaire alors que le pouvoir se militarise. La nomination d'un général comme Premier ministre cristallise les tensions dans un pays en quête de changement.

ParMaeva Ravelojaona
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Image d'illustration pour: Madagascar: un millier de manifestants à Antananarivo, arrestations et tirs de gaz lacrymogène

Manifestants à Antananarivo face aux forces de l'ordre lors d'une manifestation contre le régime en place

Dans les rues d'Antananarivo, la lutte du peuple malgache prend une nouvelle tournure ce jeudi, alors qu'au moins un millier de manifestants bravent la répression pour exprimer leur ras-le-bol face à un système qui les étouffe. Le mouvement Gen Z, fer de lance de cette contestation historique, maintient sa mobilisation malgré les arrestations et les tirs de gaz lacrymogène.

Une militarisation inquiétante du pouvoir

Face à la gronde populaire, la nomination du général Ruphin Fortunat Dimbisoa Zafisambo comme Premier ministre marque un tournant préoccupant. Cette militarisation du gouvernement, loin d'apaiser les tensions, cristallise les inquiétudes de plus de 200 organisations de la société civile qui dénoncent une "dérive militaire" plutôt qu'une recherche de dialogue.

La voix du peuple s'élève

"Le problème, c'est le système", témoigne Heritiana Rafanomezantsoa, 35 ans, incarnant la désillusion d'une population qui n'a pas vu sa vie s'améliorer depuis l'indépendance. Le rejet populaire du régime Rajoelina s'enracine dans une pauvreté endémique, avec 80% des Malgaches vivant avec moins de 2,80 euros par jour.

Une répression qui s'intensifie

Le bilan humain s'alourdit, entre les chiffres officiels et ceux de l'ONU. Plus inquiétant encore, 28 manifestants font face à la justice, dont cinq sont désormais détenus dans la tristement célèbre prison de Tsiafahy, qualifiée d'"enfer carcéral" par Amnesty International.

"Les bœufs qui dorment ensemble ne se réveillent pas en même temps" - un proverbe malgache qui résonne comme un appel à l'unité du peuple dans cette lutte pour la dignité.

Un mouvement qui persiste

Malgré la répression, la mobilisation continue, portée par une jeunesse déterminée à transformer son pays. Des manifestants équipés de masques à gaz et de plongée témoignent d'une résistance organisée face à la violence d'État, tandis que le mouvement de grève gagne les établissements scolaires de la capitale.

Maeva Ravelojaona

Journaliste et militante écologiste, engagée aux côtés du peuple et de la nature.